Pour vendre un bien immobilier, les particuliers font parfois appel aux agents immobiliers. Les offres des agences immobilières sont alléchantes :
« Vendu en moins de trois mois »
« Nous vous remboursons votre taxe foncière ainsi que l’ensemble de vos diagnostics »
« Faites confiance à notre sérieux et notre professionnalisme »
« Estimation gratuite de votre bien sans aucun engagement »
« Certificat d’évaluation offert »
« En exclusivité »
Il arrive fréquemment qu’un plan de financement soit proposé, ou imposé, à l’acquéreur afin de paraître crédible auprès du vendeur. Certains agents immobiliers proposent des montages financiers complexes. Et même extraordinaires, comme dans les contes de fées.
Si le vendeur n’a pas d’apport personnel, l’agent immobilier lui propose de vendre la maison où il habite : le produit de cette vente constitue alors l’apport personnel de l’acquéreur. Mais il faut alors libérer les lieux, ce qui peut être gênant si, pour une raison ou une autre, les vendeurs du bien convoité occupent encore leur domicile.
On pourrait appeler ce mécanisme abracadabrant « les ventes en cascade », qui comportent trois acteurs :
– les vendeurs (A) du bien immobilier M1 ;
– les acquéreurs (B) du bien immobilier M1, qui sont aussi vendeurs du bien M2, leur domicile au moment de la transaction immobilière ;
– les acquéreurs (C) du bien immobilier M2.
Dans un tel cas, l’agent immobilier conseille à l’acquéreur B de vendre son propre domicile, le bien M2. En tant que vendeur du bien M2, il s’engage vis-à-vis de l’acquéreur C à libérer les lieux lors de la signature de l’acte de vente. S’il ne veut pas habiter à l’hôtel pendant plusieurs mois, en attendant que l’acte de vente du bien M1 soit signé, il faut impérativement que les vendeurs A acceptent de signer l’acte de vente du bien M1 dans le délai qui arrange l’acquéreur-vendeur B. Sinon celui-ci et son agent immobilier sont obligés d’indemniser l’acquéreur C.
Le mécanisme présente un défaut : cet accord entre B et C relatif au bien M2 n’engage pas A (les vendeurs du bien M1), qui ne sont pas concernés. Surtout s’ils n’en sont pas informés. Dans un tel cas, l’agent immobilier, craignant de devoir payer des pénalités, devient très agressif et menaçant vis-à-vis du vendeur du bien M1.
Les individus acculés dans une situation inextricable deviennent agressifs. C’est ainsi que certains agents immobiliers emploient alors des méthodes très musclées.
Ils n’hésitent pas à venir chez vous la veille de Noël, à l’heure des repas («Comme ça on est sûr de trouver quelqu’un devant l’assiette de soupe bien chaude »), à vous raconter des bobards (« Signez d’abord, on vous expliquera après ») et à vous menacer au téléphone (« il faut signer aujourd’hui, sinon mon avocat va vous faire un procès »). Et, en effet, l’avocat vous envoie une lettre de menace.