Mercredi 3 janvier 2018, vers 21h40, avenue de Saint-Maurice à Charenton-le-Pont, par un temps très venteux et par moments pluvieux, un véhicule de police DT-572-GQ/75 arrive à toute allure, avec sirène et gyrophare, et demande au conducteur d’une Renault Clio de ralentir et de s’arrêter rue de la République, pour un contrôle d’aptitude à la conduite.
Le conducteur du véhicule serait-il imbibé d’alcool, sait-on jamais ? Eh non, pas de chance pour la police, un simple test visuel a permis de le constater. Alors a-t-il un permis de conduire ? Eh oui, pas de chance pour la police. Mais le permis de conduire n’a pas la bonne couleur ! Eh bien, il se trouve que la couleur des permis de conduire n’est pas choisie par les automobilistes, mais par le ministère qui délivre les permis de conduire, et cette couleur peut varier au fil des décennies. Alors, la carte d’identité a-t-elle au moins la bonne couleur ? Eh oui, pas de chance pour la police. Mais le conducteur n’est pas né en Île-de-France ! Eh bien, il paraît qu’on à le droit de conduire un véhicule même quand on n’est pas né en Île-de-France. En fin de compte, le véhicule de police DT-572-GQ/75 s’éloigne, afin de contrôler un autre automobiliste, dans une autre commune. Tout est bien qui finit bien : la France est un État de droit, on le croit et ça se voit.
Mais pourquoi ce style de plateau de cinéma, avec gyrophare et sirène ? Les agents de police, visiblement de bonne foi et très déçus, ont peut-être reçu par radio un tuyau percé de la part d’un collègue facétieux, qu’il doit être possible de retrouver, surtout s’il habite dans mon immeuble.
Et à quoi peut bien rimer ce contrôle inopiné de permis de conduire ? La réponse arrive le surlendemain, en fin d’après-midi, dans ma boîte aux lettres : un avis de passage n° 2C 113 056 5708 0, annonciateur d’un nouvel exploit juridictionnel des célèbres juges de la République française, mondialement connus pour leur professionnalisme, leur probité, leur impartialité, leur indépendance.