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Affaires criminelles célèbres

AFFAIRE REDOINE FAÏD

Par 25 novembre 2018juin 21st, 2019No Comments

Le 1er juillet 2018, un détenu s’évade de la prison de Réau (Seine-et-Marne). Il sait se servir d’une arme à feu. Il s’était déjà évadé en avril 2013.
L’évasion a été spectaculaire : les complices qui l’ont aidé à quitter la prison ont utilisé un hélicoptère. Le prestige de l’État est écorné, une centaine de policiers sont mobilisés afin de localiser le fuyard et de l’arrêter. Les recherches durent trois mois : Le 3 octobre 2018, tôt le matin, le fugitif et plusieurs membres de sa famille sont arrêtés et emprisonnés.

Lors des recherches, la police reçoit de nombreuses dénonciations ; certaines sont fantaisistes. De nombreuses personnes sont soupçonnées, suivies, placées sur écoutes ; leurs portables sont géolocalisés, leurs factures de téléphone examinées. Parmi elles, une journaliste qui prétendait, vrai ou faux, vouloir « interviewer le fugitif ». Presque tous ces suspects de quelques jours sont mis hors de cause par la suite (heureusement pour eux), mais l’intrusion dans leur vie privée ou professionnelle demeure : le secret professionnel est un concept à géométrie variable, comme on le constate malheureusement dans certains dépôts bus du Val-de-Marne, où l’on se fait dérober du matériel informatique contenant des fichiers confidentiels, sans que cela ne choque aucun magistrat de la chambre de l’instruction.

L’évadé a été hébergé et aidé par sa famille. Par son frère aîné, surtout, qui l’a escorté quotidiennement pendant les trois mois de cavale. N’étant pas médecin et donc démuni, comme prétendent l’être certains médecins, ce frère n’avait pas besoin de lui faire un procès pour lui disputer sa part d’héritage : il a choisi de l’aider, bien que ce soit illégal. (Illégal, dans le cas d’une évasion, bien sûr. En cas de séquestration, on aurait pu imaginer naïvement que le frère resté libre, surtout s’il est médecin, apporte son aide à celui qui est victime d’une infraction prévue et réprimée par l’article 432-4 du code pénal.) Après son arrestation, le frère du fuyard aurait même cité un poème connu : « Un frère est un ami donné par la nature qui ne peut ni fuir ni faillir ». Sauf s’il est médecin et que son train de vie excède ses revenus.
Afin d’atteindre leur objectif, les services de l’État ont utilisé les technologies du XXIème siècle : les investigations n’ont pas été limitées aux lignes téléphoniques, mais ont aussi visé « les cartes Vitale et passes Navigo de tel ou tel proche du fugitif ». Et « des réquisitions ont été envoyées à tous les campings (…) ainsi qu’aux chaînes hôtelières ».
Il vaut donc mieux ne pas tomber malade lorsqu’un détenu est en fuite, la carte Vitale pourrait « devenir périmée » suite à une « erreur informatique ».
Les « cartes Orange » des années 1992-2002 fonctionnaient parfaitement et rien ne justifiait leur remplacement par des gadgets informatiques : comme on pouvait s’en douter, un pass Navigo sert avant tout à géolocaliser un usager des transports en commun et à conserver une trace informatique de tous ses déplacements, démocratie oblige !
Quand on est amené à voyager et à dormir à l’hôtel (ça peut arriver à tout le monde), on peut se retrouver sur la liste des suspects, parce qu’un hôtelier trop zélé a été leurré par une vague ressemblance du client ou de sa voiture.

L’État a mis le paquet : l’arrestation a eu lieu trois mois seulement après l’évasion. Le grand public aurait été déçu si l’État n’avait pris aucune initiative.

Sources :
– journal « Le Monde » daté du 25-26 novembre 2018 (page 9)
– site web [https://]fr.wikipedia.org (article mis à jour le 03/11/2018 à 16h46)

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