LA LOI SUR LA FIN DE VIE
Un projet de loi sur « l’aide à mourir » est examiné par le Parlement.
Des journalistes ont demandé l’avis de M. Jean LEONETTI, cardiologue, maire d’Antibes et ancien ministre.
Selon lui, la loi actuelle (dite loi Claeys-Leonetti) est destinée aux personnes qui « vont » mourir et non pas aux personnes qui « veulent » mourir. Son objectif est de soulager la souffrance en phase terminale, même si cela doit hâter la mort, mais pas de provoquer délibérément la mort.
Associer dans le même texte le développement des soins palliatifs au droit de donner la mort est un artifice de présentation, pour donner l’illusion que le texte est équilibré entre solidarité et autonomie. Il existe un risque que la pauvreté ou la solitude constituent des situations favorables à la demande de mort.
Le médecin souligne que ce projet de loi suscite l’inquiétude des soignants. Le choix entre soins palliatifs et mort assistée sera biaisé, puisqu’au moins vingt départements sont actuellement dépourvus d’unités de soins palliatifs.
Et le médecin conclut que le projet de loi n’est pas un projet de fraternité. En mêlant euthanasie et suicide assisté, ce projet de loi ouvre la voie à de possibles dérives.
Source : journal « Le Figaro » daté du 16-17 mars 2024 (page 10)
L’inquiétude du maire d’Antibes est justifiée.
Des codes de déontologie ou des textes équivalents servent de cadre de référence à plusieurs professions, notamment toutes les personnes qui sont amenées à exercer des fonctions juridictionnelles, mais qui ne relèvent pas du statut de la magistrature (juges non professionnels, greffiers, juges d’application des peines, agents chargés du suivi de la réinsertion, salariés des juridictions administratives).
La loi encadre strictement l’hospitalisation sous contrainte (dénommée en 2004 hospitalisation d’office). Or, chaque année, au moins dix hospitalisations d’office sont abusives, ce qui est contraire à l’article 66 de la Constitution et à l’article 432-4 du code pénal.
Un exemple : un habitant de Maisons-Alfort a été placé en garde à vue du 23 mars 2004 au 9 septembre 2004, avec la complicité d’une dizaine de médecins, sans que cela rebute le juge d’instruction saisi de l’affaire.
Il est donc évident qu’à Maisons-Alfort, une loi sur « l’aide à mourir » ne servira qu’à euthanasier les personnes qui dérangent le système mafieux local, sous prétexte qu’elles sont âgées, souffrantes et réputées consentantes.
Une personne qui est encore vivante peut contester une séquestration, en portant plainte ou (si la plainte est classée par un juge très complaisant) en créant un site web pour exposer les brimades et vexations subies.
Si une personne, isolée ou pauvre, a été euthanasiée, qui défendra sa mémoire après sa mort ?
Si la loi sur « l’aide à mourir » est votée et promulguée, comment croire que la France serait alors un État de droit ?