Par lettre distribuée le 14 avril 2016, la société E.D.F. informe ses clients de Maisons-Alfort qu’en application d’une directive européenne, elle a confié à sa filiale E.R.D.F. la mission de poser « bientôt » les nouveaux compteurs électriques « communicants ».
La brochure explicative jointe à cette lettre précise que les « relevés [et] toutes [les] données de consommation sont protégés » ; la « télétransmission [de ces données] est sécurisée par un système de cryptage ».
Le coût global de cette opération est évalué à 5 milliards d’euros, ce qui correspond (paraît-il) à 150 euros par compteur remplacé. La création d’emplois entraînée par la pose des compteurs est ponctuelle et sera contrebalancée par la suppression des emplois des techniciens chargés jusqu’alors des relevés.
Les associations de consommateurs s’interrogent enfin sur la finalité de cette opération.
Pas d’unanimité en ce qui concerne les risques électromagnétiques : certaines associations de consommateurs estiment que la technologie du « courant porteur en ligne » (C.P.L.) est cancérigène, autant que les antennes-relais ; d’autres associations estiment que « l’exposition domestique aux ondes vient avant tout des téléphones portables, puis du Wi-Fi, bien avant la technologie C .P.L. ». Qui a raison ?
La sécurisation des données et de leur transmission n’est pas garantie à 100 % : en novembre 2014, la société américaine Sony Pictures Entertainment avait été victime d’un piratage informatique sophistiqué, que le Federal Bureau of Investigation (F.B.I.) avait attribué au gouvernement nord-coréen. Les logements des employés des divers services de sécurité (D.G.S.E. ; D.G.S.I. ; D.P.S.D. ; G.I.G.N., etc.) étant eux aussi équipés de compteurs électriques, le système LINKY permet plus facilement qu’auparavant à un pirate informatique de se procurer les adresses des domiciles de ces agents. Était-ce le but recherché ?
La vie privée des citoyens ordinaires est gravement menacée, puisque le nouveau système permet de connaître instantanément la consommation de tous les logements, donc le nombre d’occupants, la présence ou l’absence de ces occupants, sans que la fiabilité de la facturation en soit améliorée. Lorsque les réseaux extrémistes qui ont commis des attentats auront été démantelés, les nouveaux compteurs n’en seront pas démontés pour autant : cette atteinte à la vie privée est irréversible ; les droits de l’homme vont une fois encore être subordonnés aux revendications du lobby sécuritaire.